mercredi 15 juin 2011

L'école de mes rêves

Parce que la politique, ce n'est pas que les hommes politiques, les primaires et les sondages, je vous propose ici un article de fond, sur un sujet primordial : l'éducation nationale.
Tout le monde est à peu près d'accord sur le diagnostic. L'école va mal, parce que la société va mal. A l'école primaire, un quart des élèves n'apprend pas correctement à lire. Au collège, les élèves ne pensent qu'à chahuter et à jouer à touche-pipi, au lycée ils ne pensent qu'à se droguer.
Pour ce qui est des études supérieures, les étudiants ont parfois enfin envie d'apprendre quelque chose, mais ils ont de telles lacunes et le système est si mal fait que cela devient extrêmement difficile.
Après cet état des lieux pour le moins caricatural, je souhaite proposer quelques éléments d'analyse.

1-La société française est particulièrement cloisonnée, hiérarchisée et élitiste. Le système scolaire ressemble à un entonnoir fait pour sélectionner les meilleurs, et exclure les autres. La voie royale, c'est lycée général, Bac scientifique, Prépa, Grandes Ecoles. L'outil de sélection par excellence : les mathématiques, survalorisés. Ironie du sort : dans la vraie vie, dans la société, le facteur le plus discriminant, c'est le langage, et on a tellement fait passer les lettres pour une matière accessoire que de nombreux ingénieurs ne savent plus écrire français.
Le drame, c'est que cette sélection commence dès le plus jeune âge ; dès la maternelle, tout est joué, on sait si un élève a des chances de réussir ou s'il sera à la ramasse toute sa vie. L'attention est tout de suite portée sur les bons élèves. Un enfant qui aura un petit retard, ou bien un petit défaut d'attention, s'en trouvera aussitôt démotivé, il décidera que l'école ce n'est pas fait pour lui, et passera le reste de sa scolarité à s'ennuyer.


2- En France, le modèle dominant d'enseignement est le cour magistral. Les professeurs parlent, et les élèves,  au choix, prennent des notes, ou roupillent. Depuis Socrate, on sait que ce n'est pas une bonne façon d'apprendre. Le meilleur moyen, tous les bons professeurs le savent (mais ils sont rares), s’appelle l'herméneutique  :  le professeur pose des questions, les élèves trouvent eux-mêmes les réponses et donc s'en souviennent. Avec ce système de cours magistraux, on se retrouve avec des élèves totalement passifs, inhibés et très mauvais à l'oral. Les professeurs sont incroyablement mal formés, ils n'ont connu dans leur vie que des cours magistraux, qu'ils reproduisent à l'infini.

3- Pour un élève lambda, il est extrêmement difficile de trouver sa voie. Les conseillers d'orientation sont les plus grands imposteurs de toute l'éducation nationale. On envoie les élève médiocres vers le BEP  le plus proche géographiquement. Un profil littéraire qui voudra aller à l'université se verra répéter qu'il n'a aucun débouché à part l'enseignement. Certaines filières sont incroyablement sélectives. : quand on voit que l'on manque de médecins et d'infirmières en France et que des milliers d'étudiants sont refoulés au concours, on se dit qu'il y a peut-être un problème, mais cela coûte sans doute moins cher de recruter des médecins marocains et des infirmières espagnoles que de les former nous mêmes. Enfin, certaines formations sont extrêmement chères et ne sont pas accessible à tout le monde : par exemple, les écoles d'art ou de commerce. Le chemin vers la vocation est inextricable, et l'ascenseur social a souvent tendance à tomber en panne dans ce labyrinthe.

Voici mes solutions, ou plutôt mes propositions pour une école de mes rêves :

1- Je rêve d'une école sans note, sans classement, sans barème et sans bon-point. Pourquoi faut-il que nos enfants soient constamment jugés, classés et jaugés. C'est malsain, stressant, et surtout terriblement humiliant pour la grande majorité des élèves qui ne sont pas brillants.

2- Je rêve d'une école sans devoirs le soir. Sans déconner, les gamins passent déjà huit heures par jours à l'école... En plus il faut qu'ils se tapent des exercices à la maison. Les devoirs sont un drame quotidien dans les familles. Les enfants sont soumis à une pression de plus en plus grande, alors qu'ils devraient garder du temps pour jouer, pour rêver pour se dépenser et pour se développer.

3-Je rêve d'une école ou chacun puisse découvrir et développer ces propres talents. A l'école primaire, et au collège, il y a trop de matières théoriques, favorisant les enfants qui ont de bonnes capacités d'abstraction, alors qu'il y a de multiples autres formes d'intelligence. Il faudrait proposer des cours de menuiserie, de jardinage, de cuisine, de mécanique, de couture, que sais-je... Cela permettrait aux enfants de s'orienter naturellement selon leurs intérêts et non selon leurs résultats en maths.
Il faut absolument sortir de ce tronc commun qui n'existe pratiquement qu'en France, et qui broie les élèves en voulant les faire rentrer dans le moule. Il faut leur laisser le choix, qui de faire plus de travaux manuels, qui plus d'informatique, d'activités artistiques, de sciences naturelles ou de langues étrangères. Bien sûr il faut garder un socle commun, et surtout préserver la mixité sociale ; il est extrêmement important que tous les milieux se fréquentent pendant l'enfance et l'adolescence, parce que par la suite, ils n'en auront plus jamais l'occasion.
Au Lycée et à l'université, même combat : il faudrait des programmes à la carte, sortir de ces absurdités de Bac S,  L, ou STT, et de licence d'Histoire où l'on ne fasse que de l'Histoire. On devrait pouvoir faire de l'Histoire et de la Comptabilité si on le souhaite.

4- Enfin je rêve que l'on supprime les classes préparatoires... Ces espèces de ghettos de cerveaux typiquement français où l'on fait travailler les jeunes comme des chiens pour leur apprendre des choses qui pour la plupart ne serviront qu'à les classer dans un concours. Après avoir cravaché pendant deux ou trois ans, ils se retrouvent ensuite  dans une "grande école" où ils ont tellement besoin de décompresser qu'ils passent tout leur temps libre à prendre des cuites.
Une fois le Bac en poche, tout le monde irait ainsi à l'université, étudierait des matières techniques ou théoriques, en validerait un certain nombre pour obtenir sa licence, et ensuite,  postulerait à des Masters plus ou moins sélectifs, parce qu'il faut bien une sélection à un moment. Et dan ces Masters, on ferait ce que l'on ne fait pratiquement jamais dans notre système d'études supérieures : on apprendrait un métier.

Je ne verrais probablement pas cette école de mes rêves. Les parents d'élèves et les professeurs n'en voudront jamais. Il semblerait que nous allions plutôt dans le sens inverse, vers toujours  plus de pression, d'uniformisation, de compétition et d'exclusions, parce que la société est comme cela, impitoyable. 

mardi 14 juin 2011

L"unité impossible de la gauche

La gauchosphère dont je fais fraîchement partie a fait grand bruit il y a quelques semaines en lançant un grand appel pour l'#unité2012, (avec un dièze ça fait tout de suite plus solennel) et les blogueurs de gauche, dans leur grande sagesse avaient encore une fois raison. (Là je fais un peu de lèche pour avoir une chance que les blogueurs de gauche m'acceptent parmi eux.)

Pourtant, pour tout vous dire, je suis vert. Pas un vert "modéré", comme dit l'être Montebourg  (pour ne pas trop faire peur à son très large éléctorat). Je suis pour l'arrêt des OGM, des pesticides, du nucléaire,  du tabac et du PMU (parce que le PMU ça fait trop souffir les chevaux, et surtout, ça détruit des vies).
J'ai donc beau être un ultra-vert, je trouve que les primaires d'EELV sont une mascarade. Parce que d'abord, l'esprit des primaires, comme les avait imaginées Montebourg, c'était de faire une seule primaire pour toute la gauche, avec les Verts, le Front de Gauche, et même Chevènement s'il voulait...
 La menace d'un 21 avril à l'endroit plane toujours sur nos têtes... Alors, franchement, entre nous, à quoi ça sert de présenter un candidat quand on est sûr qu'il ne sera pas élu ? A rien, ou pas grand-chose. Mieux vaut être un peu responsable et, comme le préconise Cohn-Bendit, s'allier dès le premier tour au PS et négocier un max de circonscriptions aux législatives.

Quel argument avance Cécile Dufflot ? "Nous avons des idées, elles sont différentes du PS, c'est donc notre devoir de présenter notre projet aux français dans un pays ou il n'y a que l'élection présidentielle pour exister". Malgré toute l'admiration et le respect et que j'ai pour Cécile Duflot, je trouve que cet argument ne tient pas la route... La règle du jeu démocratique, c'est le rassemblement. S'il fallait présenter  à l'investiture suprême toutes les idées possibles pour qu'elles existent, on ne s'en sortirait pas. Ce qu'a fait EELV, difficilement, et pas complètement malheureusement, c'est de rassembler les écologiste de tous bords. Pourquoi ne pas se rassembler encore un peu plus largement, et venir  rejoindre le temps d'une élection l'union de toute la gauche ? En fait, ce que je crois, c'est que les Verts sont jaloux de leur petit pouvoir, ils ne voulaient pas se dissoudre dans Europe-Ecologie, ils veulent encore moins se dissoudre dans l'union de la gauche.

Et puis avec Nicolas Hulot, sérieux, on ne pouvait vraiment pas tomber plus bas pour représenter les écolos. Ce n'est pas le fait qu'il fasse le gugusse à frange dans son hélico sponsorié Rhône-Poulenc qui me dérange... C'est juste qu'il ne peut pas être président. Une fois élu, qu'est-ce qu'il fera ? Il nommera Yann Arthus-Bertrand comme premier ministre et Jean-Pierre Coffe à l'agriculture ? Moi qui n'ai pas la télé, je n'arrive pas à comprendre la popularité de ce mec... Eva Joly, en revanche c'est une grande dame. Elle pourrait même être présidente que ça ne me dérangerait pas.  Elle aurait dû se présenter  aux primaires...de la gauche

lundi 13 juin 2011

Pourquoi je déteste Sarkozy

Je déteste Sarkozy, je le déteste tellement que'en 2007 j'ai voulu convaincre tout le monde de ne pas voter pour lui, ma patronne, mon pote natif de Neuilly, et même mes grands parents. Je n'arrive pas à digérer son élection, et je ne peux pas me résoudre au fait qu'il soit élu une deuxième fois.
Je déteste Sarkozy mais ce n'est pas de l'anti-satkozisme primaire. J'ai mes raisons, les voici :

Je déteste Sarko pour sa campagne qui consistait à montrer du doigts les assistés, les feignants, les fraudeurs, les immigrés, les fils d'immigrés. C'est le degré zéro du populisme que de trouver des boucs-émissaires, qu'ils soient juifs, musulmans, RMIstes,  patrons ou banquiers.

Je déteste Sarko pour les aberrations qu'il a osé prononcer pendant sa campagne. Je l'ai entendu dire texto : "Quand est-ce qu'on comprendra que le nucléaire est une énergie propre". Je me souviens aussi qu'il a dit qu'il fallait liquider l'héritage de mai 68. Est-ce qu'il sait à quel point mai 68 a modernisé la société ? Comment peut-on dire une connerie pareille quand on a divorcé trois fois ?

Je déteste Sarko depuis 2002, quand il est devenu ministre de l'intérieur et que certains policiers sont devenus des cow-boys ivres de pouvoirs... Pour moi, Sarkozy est le premier responsable des émeutes de 2004.

Je hais Sarko profondément pour avoir dit que l'on naît pédophile. Départager l'inné et l'acquis me semble complètement vain, et ce déterminisme a quelque chose d'effrayant. Si on commence par détecter les délinquants à l'école maternelle on finira par pratiquer l'eugénisme.

Je ne hais pas Sarkozy pour sa période bling-bling, ses rays-bans, le Fouquets, et ses manières vulgaires de parvenu, je le hais quand il se paye ses caprices sur le dos du contribuable, quand il fait augmenter son salaire ou quand il se fait fabriquer un nouvel avion "Air beauf one" avec un four à Pizza dedans.

Je hais Sarkozy pour la manière dont il se comporte avec les journalistes. Qu'il les laisse faire leur travail et qu'il arrête de se mêler de tout.

Je hais Sarkozy parce qu'il cherche à mettre au pas tous les contres pouvoirs, la justice, le parlement, et même ses propres ministres.

Je hais Sarkozy pour tous les cadeaux fiscaux qu'il a fait à ses potes pour les remercier d'avoir si bien soutenu sa candidature.

Je hais Sarkozy parce que, franchement, mettre des gens comme Lefebvre, Morano ou  Estrozy dans un gouvernement, c'est du foutage de gueule.

Je hais Sarkozy parce qu'il massacre la langue française.

Je hais Sarkozy pour son complexe de petitesse. Qu'il porte des talonnettes, passe encore, mais quand il exige être entouré de figurants de petites taille dans ses déplacements, cela ne me semple pas à la "hauteur" de sa fonction.

Et surtout je hais Sarkozy parce que je déteste le racisme. Il n' avait pas le droit de jouer avec les thèmes du FN,  de stigmatiser les Roms, les clandestins, les enfants des cités, et les musulmans à travers des débat nauséabonds. Il  n'avait pas le droit de traiter les gens comme ça. Il a légitimé la xénophobie, mis la République par terre, massacré l'unité fragile de la nation.

Je déteste Sarkozy. S'il reçoit une deuxième fois le blanc-seing des Français, il ne se sentira plus pisser, et je n'ose pas imaginer encore toutes les conneries qu'il fera.

Pourquoi je soutiens Montebourg

Parce que depuis que DSK est devenu un psychopathe présumé, il ne reste plus tellement d'options. Nous, électeurs de gauche, ne pouvons pas nous résoudre à choisir un leader par défaut tel que François Hollande, Martine Aubry, ou, chose que je n'ose pas même envisager, Ségolène Royal.
Sans vouloir exagérer, la situation est grave. Le peuple tente de s'indigner, de se soulever, souffre souvent en silence et finit parfois par se jeter par les fenêtres de France Télécom. La France pâtit de la mondialisation et de la crise économique, mais aussi de son système politique, des structures figées et hiérarchisées de sa société, et d'un gouvernement irresponsable.
Pour espérer gagner en 2012, et surtout améliorer la situation, nous avons besoin d'idées audacieuses et novatrices capables de nous faire rêver à nouveau. Des idées et des rêves, c'est justement le titre que  Montebourg a donné à son livre-programme. Le programme du PS, avec ces quelques rustines, quelques pansements, quelques emplois aidés ne suffira pas.
Montebourg défend plusieurs idées phares, le capitalisme coopératif et la démondialisation, c'est-à-dire la relocalisation de l'économie sous forme de protectionnisme vert. Parce que cela n'a effectivement pas de sens d'importer tous nos biens de consommation courante tout en tentant d'exporter nos vins de Bordeaux et nos sacs Vuitton, tel un pays d'Afrique qui ne produit que du cacao et ne cultive plus de bien de première utilité. Et surtout, cela n'a pas de sens de consommer des fruits pas mûrs produits hors-saison à l'autre bout du globe.
Montebourg défend aussi, depuis longtemps, la sixième république, pour que l'on sorte enfin de ce régime présidentiel que le quinquennat et nos présidents successifs ont rendu insuportable.
Montebourg, a toujours eu de nobles combats, il s'est battu, envers et contre tous, pour remettre en cause la concession de TF1, parce qu'il jugeait inconcevable qu'une entreprise à qui l'on a confié la première fréquence ne pense qu'à vendre du coca-cola. Il s'est battu pour son département sinistré et en faillite, il s'est battu pour mettre en place un système de primaires démocratiques au PS, il s'est battu pour mettre fin aux agissement mafieux de la circonscription des Bouches du Rhône. Peut-être qu'il fit tout cela pour exister, pour faire parler de lui, mais, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce mec a des couilles.

Pour en revenir aux autre candidats potentiels, sans vouloir être trop durs avec eux parce que si jamais ils sont désignés, il faudra bien les soutenir :
Personne n'a oublié que François Hollande était surnommé Flamby, personne n'a oublié l'état dans lequel il a laissé le PS au bout de dix ans à sa tête. En trente ans de vie politique, qu'a-t-on retenu de lui ? Rien.
Sa seule action d'éclat est d'avoir perdu ses 15 kilos en trop. Sa seule qualité : son sens de l'humour, il est sarcastique en meeting devant un public acquis à sa cause, mais devant les caméras, quand il faut convaincre, il est transparent.
Personne n'a oublié comment Marine Aubry est arrivé à la tête du PS : grâce à un compromis entre les éléphant et des tricheries qui seules ont permis de dérober le parti à Ségolène Royal. Elle ne dit rien sur la situation des Bouches du Rhône, elle ne dit rien d'ailleurs sur rien. Comme François Hollande avant elle, elle essaie juste de maintenir l'unité menacée de son parti.
Ségolène Royal n'est pas une mauvaise bougre, mais elle est une oratrice lamentable. Comme le dit le blogueur Jegoun, elle est un épouvantail à électeurs. Elle enfonce des portes ouvertes sur un ton niais et nasillard digne de la plus mauvaise prof d'éducation civique.
Nous avons besoin de sang neuf, d'une nouvelle génération, d'une révolution des pratiques politiques. Pour moi, la candidature de Montebourg s'impose comme une évidence. Et je ne comprends foutrement pas pourquoi elle ne s'impose pas comme une évidence au reste de la gauche. 

Bienvenue à toutes et à tous

Chers lecteurs,
Ce blog vient s'ajouter aux nombreux blogs politiques qui composent la désormais fameuse gauchosphère. Il répond au besoin pressant d'exprimer mon avis. Vous aurez sans doute parfois l'impression que je me prends au  sérieux, et vous aurez raison. Parce que la politique, comme disait Bernard Tapie à feu Paul Amar, c'est une chose sérieuse.
Cordialement fidèlement bien à vous